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La différence au programme de 648 écoles
De plus en plus d’enfants en situation de handicap intègrent l’enseignement ordinaire mais il reste beaucoup à faire au niveau des mentalités.
Ces adaptations baptisées aménagements raisonnables, les écoles sont obligées de les mettre en œuvre pour favoriser l’intégration de ces enfants moins chanceux dans l’enseignement ordinaire. Une obligation dictée par la législation anti-discrimination belge et par la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées. «Il ne s’agit en aucun cas d’avantages, encore moins de privilèges mais de mesures pour rétablir l’égalité entre ces enfants et les autres», explique Véronique Ghesquière, du Centre pour l’égalité des chances.

Quels sont les aménagements raisonnables les plus fréquents? «Un ordinateur pour aider les enfants dyslexiques, une calculette pour les dyscalculiques, et surtout du temps supplémentaire pour les contrôles et les examens. Il y a aussi le soutien scolaire par une personne de l’enseignement spécialisé.»

Le nombre d’élèves intégrés a presque quadruplé en cinq ans

L’ordinateur peut être financé par l’AWIPH sur demande des parents. S’il faut aménager une rampe d’accès, c’est en général le Pouvoir organisateur ou la commune qui prend les frais en charge. «Pour les aménagements plus coûteux, on peut faire appel à la Fédération Wallonie-Bruxelles mais son budget n’est pas élastique», prévient Véronique Ghesquière.

Si toutes les écoles ne sont pas prêtes à franchir le pas, l’enseignement inclusif a connu une belle progression ces dernières années en Wallonie et à Bruxelles. En 2009-2010, 512 élèves en situation de handicap étaient intégrés dans l’enseignement ordinaire. Pour l’année scolaire 2013-2014, ils sont 1 983. L’intégration dans l’enseignement ordinaire peut se faire à temps partiel ou à temps plein mais la plupart des enfants intégrés le sont totalement.

Un impact positif sur les résultats scolaires de toute la classe

«Les mentalités évoluent mais il reste encore pas mal de choses à améliorer. Les interprètes en langage des signes sont trop peu nombreux et mal rétribués. On rencontre aussi une certaine résistance envers les enfants présentant un déficit intellectuel. Il faudrait mettre en place un autre cursus, les dispenser de certains cours, leur permettre de passer de classe en classe sans exigence de certification. Ces mesures sont difficiles à accepter par les écoles. Ces enfants représentent pourtant un pourcentage important des intégrations».

La plupart des écoles se montrent frileuses à l’idée de bouleverser leurs habitudes, leurs modèles pédagogiques. En cas de refus pour de mauvaises raisons, les parents peuvent s’adresser au Centre d’égalité des chances. Ils sont de plus en plus nombreux à faire valoir leurs droits. En 2013, 60 dossiers ont été ouverts suite à des plaintes de parents, deux fois plus qu’en 2012. «Les aménagements raisonnables sont obligatoires mais c’est difficile de forcer une équipe pédagogique à adopter ces mesures si elle n’a pas envie d’accueillir un enfant en situation de handicap. Les parents ont la loi de leur côté mais ils abandonnent quand ils constatent que l’école ne veut pas de leur enfant. On intervient quand même auprès de la direction pour le principe».

Pourtant, il y a beaucoup à gagner en accueillant un enfant en situation de handicap. Les élèves bénéficient d’un enseignement plus collectif, plus solidaire. Des études prouvent que cela a aussi un impact positif sur les résultats scolaires de l’ensemble de la classe.
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